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Grace Geyoro (France) : "J'ai ce leadership en moi et j'ai toujours été comme ça"

Chania

18-Juillet-2024 by:ec-sport.net

Si l’équipe de France féminine espère remporter "son" Tournoi olympique à Paris 2024, elle pourra compter sur l’une de ses leaders, Grace Geyoro, qui vient d’achever une saison pleine. Elle a discuté avec la FIFA des ambitions françaises et de son rôle de vice-capitaine.

"J'ai convoqué trois joueuses après concertation avec le staff technique. À l'unanimité a été désignée capitaine Wendie Renard, et deux vice-capitaines, Grace Geyoro et Eugénie Le Sommer. Maintenant, chacun doit tenir son rôle, sur le terrain, en dehors du terrain." À son arrivé en mars 2023, Hervé Renard n’a pas tardé à poser les bases du leadership de l’équipe de France féminine. Un an et demi plus tard, celles-ci sont restées intactes. Les trois meneuses mentionnées sont en effet encore présentes et ont été convoquées pour représenter la France lors du Tournoi Olympique de Football féminin, Paris 2024, qui se disputera du 25 juillet au 10 août.

Les Bleues seront ainsi portées par des joueuses à la longévité impressionnante : Le Sommer compte 192 capes, Renard 160 et Geyoro 83. Sans compter Amandine Henry (106 capes) et Kadidiatou Diani (102).

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Grace Geyoro est prête à encore se retrousser les manches pour son pays. "J’ai accepté le rôle de vice-capitaine parce que je savais que j'avais les capacités ", annonce la joueuse du Paris Saint-Germain de 27 ans dans un entretien exclusif avec la FIFA.

Et alors que les Bleues viennent de se mettre dans les meilleures dispositions en se qualifiant pour l’EURO féminin de l’UEFA 2025, Grace Geyoro nous parle des ambitions des Tricolores aux JO où les rencontres s’enchaîneront tous les trois jours, à commencer par la phase de groupes où la France défiera la Colombie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

FIFA : Vous venez de "préparer" les Jeux Olympiques en disputant vos dernières rencontres qualificatives pour l’EURO. Ces matches à enjeu constituent-ils une pression supplémentaire ou une motivation ?

Grace Geyoro : Quand on est l'équipe de France, il y a toujours une exigence. Au vu des objectifs, il faut forcément se confronter aux meilleures nations pour savoir comment on évolue. Est-ce qu'on est prêtes pour les JO ? Qu'est-ce qu'il va falloir améliorer ? Quand c'est dur, quand on n'arrive pas à poser notre jeu, qu’est-ce qu'il faut faire ? On doit s'appuyer sur ces matches pour ne pas faire les mêmes erreurs aux JO. Et si on a fait de bonnes choses, on sait aussi qu’on est capables d'aller décrocher quelque chose aux JO. Il faut qu'on s'appuie sur le négatif et le positif pour faire la meilleure compétition possible.

À quoi vous attendez-vous aux JO ?

Ce sera incroyable ! Des Jeux Olympiques. Une médaille d'or. (Pause) Je pense que tout le monde en rêve. Aux Jeux Olympiques, il y a moins d'équipes donc tu rencontres vraiment les meilleures nations. En plus, c'est à la maison, avec une finale à Paris. Ça fait rêver quand même ! On a envie de gagner et de performer à tous les matches. De montrer que l'équipe de France peut aller chercher le Graal. Je pense que les joueuses françaises en club l'ont déjà montré. Maintenant, il faut que ça se concrétise avec un premier titre en équipe de France. Tout le monde en rêve, pour nous, pour les supporters, pour le maillot bleu, pour l'équipe de France.

Comment l’équipe de France peut-elle passer un cap ?

Honnêtement, je pense que c'est vraiment mental. Les qualités physiques, athlétiques, techniques, on les a. C'est juste que le mental peut jouer dans un match plus compliqué où on se demande comment on peut arriver à faire basculer la balance de notre côté. Si on arrive à passer ce cap mentalement, à rester soudées dans les moments durs, à faire les efforts les unes pour les autres, je pense que cette équipe a tout pour aller décrocher quelque chose.

Vous avez évoqué les titres obtenus par les joueuses françaises. D’un point de vue personnel, vous sortez d’une saison 2023/24 pleine avec le Paris Saint-Germain, avec une nouvelle nomination dans l’équipe-type de D1 féminine. Comment vous sentez-vous ?

Chaque année, je me fixe des objectifs : progresser, passer un cap, faire mieux que la saison précédente dans mon apport physique, offensif, défensif. Continuer à apporter le maximum à l'équipe, à m'épanouir, à prendre du plaisir. Ça paie encore une fois et ça me pousse encore à travailler davantage et à aller dans la même direction.

C’est vrai que c'est la quatrième année que je suis dans l'équipe-type, c'est une fierté. Ça montre ma régularité. Statistiquement, je pense que cette saison a été ma meilleure, en termes de buts marqués notamment. Je suis très contente.

Vous êtes capitaine du PSG et vice-capitaine de l’équipe de France. Comment acquiert-on ce rôle de leader ?

Déjà, il y a ma personnalité. Je suis quelqu'un qui, dans la vie de tous les jours, aime échanger, discuter, un petit peu contrôler tout (rires). Je sais me donner des objectifs, que ce soit à titre individuel ou collectif. Et en dehors du football, j'essaie d’apporter un plus à mes coéquipières. Si elles ont besoin de parler, j'essaie d'être disponible. En club, comme cela fait plusieurs années que j’y suis, j'essaie d'être le lien entre les joueuses et le club, que tout se passe bien et qu’on puisse avancer dans la même direction.


J'ai ce leadership en moi et j'ai toujours été comme ça. Déjà quand je n'avais pas le brassard, je prenais la parole, même avec des plus anciennes. Ceci dit, je suis quelqu'un qui ne m'impose pas dans la vie, je ne force rien. Quand on m'a donné le capitanat au PSG, je ne l’avais pas demandé, mais on me l’a donné en raison de ma personnalité, de mon ancienneté, de mon expérience. Je l'ai accepté avec grand plaisir parce que je savais que j'étais capable de tenir ce rôle-là. Idem en équipe de France : le coach est venu me voir pour me donner le rôle de vice-capitaine. Je l'ai accepté aussi parce que je savais que j'avais les capacités et aujourd'hui, je suis fidèle à moi-même. Ce n’est pas parce que je suis capitaine que je ne peux plus continuer à rigoler avec mes coéquipières, à être la fofolle que je suis ou à chambrer.

En tant que leader, quels conseils donnez-vous aux jeunes qui arrivent en équipe de France ?

Le seul conseil que je pourrais donner, c’est d’être soi-même parce que sinon, tu risques d’avoir des regrets. En tout cas, c’est comme ça que j'ai ressenti les choses, j'ai toujours joué mon jeu sans changer. Bien sûr, tu dois progresser, mais pas inventer quelque chose qui ne te ressemble pas.

Il faut de l'authenticité, c’est le mot. Et bien sûr du travail. Profiter de chaque moment parce qu'une carrière, ça passe vite, très vite. Parfois, on est tellement focalisées sur les objectifs qu'on oublie de profiter. Il y a 50 000 personnes qui vous regardent à certains matches, des petites filles qui vous regardent avec des papillons dans les yeux. Ce sont des émotions qu’on ne pourra pas retrouver après notre carrière.

En parlant de profiter de chaque instant, imaginez quelques secondes que vous êtes en finale des JO, que la France est menée au score à la mi-temps. Quel discours auriez-vous pour les filles ?

Honnêtement, je pense que mon discours sera… (elle réfléchit) Je dis souvent qu’il ne faut jamais avoir de regrets. Donnez tout ! Parce que qu'est-ce qui va t'empêcher de tout donner, de tout laisser sur le terrain ? Rien. Ce sont ces mots forts qu'il va falloir utiliser. Quand il y en a une qui est par terre, il faut la relever. Il faut s’appuyer sur le groupe soudé qu’on a réussi à créer avec la venue du coach Hervé Renard qui a apporté un réel plus dans le côté mental, dans tout ce qui est le mot "ensemble".

Pour finir, justement, comment se comporte Hervé Renard au quotidien en équipe de France ?

C’est un tout : c’est dans son discours d'avant-match, même quand on arrive dans un stage, les entraînements lors desquels on met déjà l'intensité du match. Il est très pointilleux sur tous ces détails qui font qu’aujourd’hui, on pourrait devenir la meilleure équipe du monde. On a aussi cette facilité à échanger, à dire : "Est-ce que ça va ? Est-ce que je me sens bien par rapport à ça ?" Il est vraiment ouvert et c'est une force.